Charles BAUDELAIRE
Couverture: Vision céleste à l'usage de Paul Chenavard
Dessin de Baudelaire.
Etais-ce lié aux bouleversements que je vivais alors? Aujourd'hui, je suis convaincue qu'il m'a aidée à dépasser certains évènements douloureux.
Tant je déclamais ses vers, tant j'expliquais qui était l'auteur (ou ce que j'en croyais!) que pour mes dix-sept ans, ma jeune soeur m'a fait cadeau de ce recueil.
Je n'ai pas toujours été fidèle, parfois je partais avec Verlaine ou Villon, Ronsard m'a aussi séduite…Je possède de belles éditions de Hugo, de Lamartine, j'aime lire et relire Prévert ou Brel…
Ce vieux recueil, aux pages jaunies, ne m'a jamais quitté. Jeune maman, je le lisais, berçant doucement mes enfants avec "Correspondances","L'homme et la mer"ou "Le chat"… Plus tard, mes enfants ados, je me délectais de nouveau des sombres années de ma propre adolescence, en retrouvant "La servante au grand coeur", j'aimais sans cesse relire "Au lecteur"…"—Hypocrite lecteur,—mon semblable, —mon frère!" et toute les "Morts". "Une charogne" me fait toujours frissonner, mais plus que tout ce que j'aime chez Baudelaire, ce sont "Les parfums, les couleur et les sons
Je n'achèterai, ni jamais ne changerai ce livre contre un plus beau, plus neuf…Il continuera de me suivre, comme par le passé. Parfois négligé sur l'étagère, il reste là, fidèle gardien de ma mémoire.
Un jour, il sera à ma fille. Elle découvrira entre ses pages un antique trèfle à quatre feuilles qui s'effrite, un vieux timbre australien, quelques annotations qui n'ont d'intérêt que pour moi. Elle se souviendra alors que je lui lisais "La beauté" ou d'autres textes. Elle sourira, et elle pensera à moi, puis elle oubliera ce recueil sur une étagère, pour mieux le retrouver.
Superbement interprétées par Reggiani, en prélude à "Sarah",
les trois dernières strophes de "Je n'ai pas pour maitresse une lionne illustre".
"Si vous la rencontrez, bizarrement parée,
Se faufilant, au coin d'une rue égarée,
Et la tête et l'oeil bas comme un pigeon blessé,
Traînant dans les ruisseaux un talon déchaussé,
Messieurs, ne crachez pas de jurons ni d'ordure
Au visage fardé de cette pauvre impure
Que déesse Famine a par un soir d'hiver,
Contrainte à relever ses jupons en plein air.
Cette bohème-là, c'est mon tout, ma richesse,
Ma perle, mon bijou, ma reine, ma duchesse,
Celle qui m'a bercé sur son giron vainqueur,
Et qui dans ses deux mains a réchauffé mon coeur.
Magnifique échapée Joëlle.
RépondreSupprimerMoi qui adorais la poésie quand j'étais adolescente, c'est un genre qui ne m'attire plus depuis des années. Et pourtant, ton billet me donne envie de retourner mes cartons pour retrouver mon exemplaire de Baudelaire...
Une chose essentielle pour moi, que je me suis rappelée en parcourant ton billet, c'est que je n'ai jamais "lu" la poésie, il me faut la prononcer pour me l'approprier.
Merci de ton passage Cindy.
SupprimerC'est vrai que pour vraiment apprécier, il est préférable de les lire, la lecture est donc plus longue.
Je l'ai lu il y a très longtemps, va falloir qu'un jour je le relise ;)
RépondreSupprimerCe que je trouve agréable avec la poésie, c'est qu'on peut parfois prendre un livre, l'ouvrir n'importe où et se laisser bercer par la magie des mots!
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