Sans doute parce qu'elle me rappelle celles de mon enfance, j'aime aller en famille à la fête foraine.
Tout y est, les manèges, les stands de tir, les pèches aux canards…
Cette année j'ai décidé d'essayer le palais du rire. Je me suis équipée, chaussures de circonstance, pour ne pas prendre de risques.
Alors que je n'aime pas du tout, j'ai demandé qui voulait m'accompagner sûr la grande roue. C'est par définition un manège que je ne fais pas, sa lenteur, sa hauteur m'impressionne…
Seul mon mari a accepté de se sacrifier.
"Oh, regarde, je vois les enfants!
—Passe-moi le téléphone que je les photographie
—Il est hors de question que je lâche la barre!"
Nous étions le 15 août, la veille Antony avait fêté ses cinq ans.
Le palais du rire est accessible à partir de cinq ans…
Personne n'aurait pu l'empêcher de suivre ses frère et soeurs…
Et moi, derrière!!!
Ce n'est pas très compliqué, ça vibre, ça saute, ça tourne,
l'escalier qui descend quand on monte,
c'est quand même assez physique,
et si demain j'ai mal aux épaules, au cou et aux bras…
Je saurai pourquoi!
Quand enfin, j'arrive, derrière, toujours derrière les enfants, au dernier niveau, près du toboggan qui me sauvera… Je vais enfin retrouver la terre ferme.
Je vois mon Antony qui fait demi tour, je le suis, le rattrape, le prend dans mes bras, lui montre au loin ses parents qui l'attendent et lui explique qu'on ne peut pas faire demi tour comme çà…
"Je vais mourir, me dit-il… Mais non, t'inquiète…je mourrai bien avant toi!".
Et nous faisons le chemin en sens inverse, croisant des gens qui montent. Il est lourd ce petit, alors parfois je le pose, et il court devant, parfois je le porte pour traverser des zones difficiles, espérant ne pas tomber. Ma fille me crie que les responsables sont au courant, qu'ils vont me faire un passage!
Pas vrai! Rien ne s'est arrêté, une seule fois un jeune homme a pris Antony pour lui faire passer l'escalier qui monte quand on descend. J'ai croisé des gens, m'excusant d'aller à contre sens et toujours ce petit homme qui courait et s'arrêtait sagement dès qu'il y avait un obstacle…
Nous arrivons au rez-de-chaussée, je prend mon petit fils et le rend à sa mère,
je saute par dessus la rambarde.
Mon mari est blanc comme un linge,
mon gendre me dit son admiration,
ma fille me dit, "On a failli acheter un billet pour monter, et nous on l'aurait mis dans le toboggan!!!"
Quelques jours plus tard, le 18, c'est à mon tour de fêter mon anniversaire,
"Halàlà Grand-mère que tu es vieille!" s'exclame Justine du haut de ses sept ans.
"—C'est sûr que je suis vieille,
mais un de ces jours je vous emmènerai dans une maison de retraite pour voir de vrais vieux"…
et m'adressant à Antony
"— Parce que tu crois peut-être qu'il y en a beaucoup de vieux qui ferai le palais du rire à l'envers pour sauver un petit garçon?"
Et à ma grande surprise, j'entends Théo répondre:
"—Non, grand-mère, il n'y a pas un seul vieux qui entrerait dans le palais du rire!"
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