"Qu'un véritable ami est une douce chose"
écrivait Montaigne en pensant à La Boétie.
J'ai eu, dans mon adolescence, très peu de véritables amies. J'avais beaucoup de copains, de copines, mais pour partager mes secrets, mes peurs et mes angoisses, mais surtout mes espoirs les plus fous, elles furent trois.J'étais, je suis toujours, même si le coiffeur m'aide un peu, brune aux yeux marrons, elles étaient blondes, aux yeux verts, bleus ou noisettes. Je n'ai eu pour véritables amies, que de jolies blondes.
Vivianne fut la première. Ses cheveux étaient blonds, d'au moins trois teintes différentes, du doré au soleil couchant, elle avait une chevelure extraordinaire et des yeux verts.
C'est en cinquième que nous nous sommes connues. Elle était la troisième d'une fratrie de six. Un couvert de plus chez elle n'était jamais un problème. J'étais toujours la bien-venue.
Vivianne n'aimait pas l'école, elle a très tôt trouvé du travail, elle prenait la vie à bras le corps, sans crainte. Elle savait tout faire, se faisait ses fringues, ne mâchait pas ses mots. J'allais parfois la chercher à son travail, elle faisait des ménages et son boulot n'était pas de tout repos. Mais elle était lumineuse, heureuse, elle gagnait sa vie.
J'ai rencontré Josyane, une petite blondinette aux yeux d'un bleu extraordinaire, et comme elle était myope, son regard semblait toujours vous traverser. C'était une élève brillante, elle traversait ses années d'étude en chantant, nous n'avons jamais été dans la même classe, c'est dans le bus, puis dans la cour que notre amitié c'est développée. Elle n'avait pas froid aux yeux, elle séduisait tous les garçons, elle n'avait pas bonne réputation. Les filles ne l'aimaient pas, j'adorais la façon dont elle se moquait des autres, je savais où étaient ses blessures, je connaissais sa fragilité.
Je suis partie à l'autre bout du monde. Nous avons correspondu. Josyane fut sans doute la plus assidue, elle était à l'aise dans l'écriture, Vivianne beaucoup moins.
C'est au lycée La Pérouse de Nouméa que je rencontrais Elisabeth. Elle n'était pas vraiment blonde, mais pas vraiment brune non plus. Son père, comme le mien, travaillait dans de grandes sociétés et nous faisions partis des "expats". Nous n'étions pas dans la même classe, comme avec Josyane c'est dans la cour et à la cantine que nous avons beaucoup parlé. Lorsque je suis rentrée en métropole, j'ai pendant quelques années correspondu avec elle, puis plus rien. D'elle aujourd'hui je ne sais plus rien.
Je n'ai jamais revu Vivianne, mais je lui ai téléphoné il y a quelques années, ce n'était pas très difficile de trouver ses coordonnées, dans une petite ville où tout le monde se connait. Elle avait un fils, de l'âge du mien. Après un mariage décevant, elle avait divorcé et semblait heureuse avec son nouveau mari.
Josyane est devenue professeur d' histoire et géographie, elle a fini par épouser son grand amour, son seul amour, celui de l'enfance, ils ont eu un fils et quand je les ai contacté étaient heureux ensembles.
Nous nous sommes revus, nos maris étaient copains, c'est grâce a eux que nous sous sommes "rencontrés". Nous avons passé quelques heures ensembles toutes les deux, j'ai été heureuse de la revoir.
J'ai cessé toutes relations avec mon passé, je ne les ai plus contactés.
Mais il faut être honnête, elles n'ont pas non plus cherché à me joindre.
J'ai décidé que je ne retournerai plus dans ma ville natale. Nos vies ont fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Le bonheur se joint au malheur pour faire une vie. Je ne regrette rien.
Je les ai aimées et c'est toujours avec tendresse que je pense à elles trois.
Je vois que je n'avais pas commenté ce billet que j'ai lu pourtant. Il m'a fait de la peine. Je ne sais pas vraiment pourquoi. La nostalgie peut-être. La peur que tu sois seule, même si je sais que ce n'est pas le cas. Comme toujours tu dis si bien les choses en plus.
RépondreSupprimerC'est sûrement ça, la nostalgie, se souvenir et ne pas regretter…Il y a dans nos souvenirs de si jolies choses!
Supprimer